Saturday, April 21, 2007

Le prisonnier d'Aboukir par Yves Fedida

En hommage à Joseph Cohen Hemsi
Le Prisonnier d’Aboukir
Par Yves Fedida (V3)
Haidar Pacha, Ministre égyptien de la guerre, obéissant, bien malgré lui, aux ordres
du roi Farouk,!avait placé les troupes égyptiennes sur les starting-blocks. Il les
savait mal préparées. Le général Mohamed Neguib, à la tête de ces troupes,
s’apprêtait malgré cela à envahir Israël, alors que David Ben Gourion déclarait le
14/05/1948!«!…réunis aujourd'hui, jour de l'expiration du mandat britannique, en assemblée
solennelle, et en vertu des droits naturels et historiques du peuple juif, ainsi que de la résolution
de l'Assemblée Générale des Nations unies, proclamons la fondation de l'État juif dans le pays
d'Israël, qui portera le nom d'État d'Israël…. Nous tendons la main de l'amitié, de la paix et du bon
voisinage à tous les Etats qui nous entourent et à leurs peuples. Nous les invitons à coopérer avec
la nation juive indépendante pour le bien commun de tous. L' Etat d'Israël est prêt à contribuer au
progrès de l'ensemble du Moyen-Orient.1!»
En entendant ces paroles, les Juifs d’Egypte se réjouirent en tremblant. Mais dans
les 48 heures, une série d’arrestations viendra confirmer leur crainte et étouffer
leur joie. Parce qu’ils étaient sionistes, ou bien soupçonnés d’appartenir à ce
mouvement légalement toléré jusqu’alors, ou bien communistes (pourquoi ceux là,
on se le demande!!), 1000 Juifs (dont 50 femmes) au Caire, 40 Juifs à Port Saïd, et
118 Juifs (dont 26 femmes) à Alexandrie2 se retrouvèrent sommairement
emprisonnés, parce que Juifs. Un millier d’autres Juifs allaient bientôt les
rejoindre au début de juin 1948.
Ils demeurèrent en prison, sans autre forme de procès et souvent dans des
conditions physiques et psychologiques insupportables, pour la plupart jusqu’à l’été
1949!; ils furent libérés à condition de quitter le pays. Les noms des camps
d’internement de «!Huckstep!» et «!El Tor!»
résonnent encore tristement dans la
mémoire des Juifs du Caire. La vie paisible
de ceux d’Alexandrie fut écorchée par ceux
de «!Hadra!», «!Kom El Dick!» et le
«!Mootakal!» d’Aboukir, non loin du lieu de
la fameuse bataille navale. Dans ce dernier
«!Mootakal!», parmi la fine fleur de la
jeunesse alexandrine, le journaliste Joseph
Cohen Hemsi.
Né en Egypte en 1907, Joseph Hemsi
entreprend dès les années 1930 une
carrière de journaliste au «!Journal
d’Alexandrie!»!;! sa spécialité étant la
littérature et la musique. Il y devient
rédacteur en chef!. Il a le privilège
d’interviewer Luigi Pirandello, Prix Nobel
de littérature, lors du séjour de ce dernier
en Egypte.
Sa nationalité italienne lui est retirée pendant la période fasciste. Il épouse Claire
Bassat en 1941 et comme de nombreux Juifs d’Alexandrie, ils quittent la ville
devant l’avance des troupes allemandes en 1942, pour se réfugier temporairement
en Palestine. Ils retournent en Égypte, après la victoire d’El Alamein.
Témoin actif des événements de son époque- l’avant-guerre, la guerre et la
naissance de l’État d’Israël-, il offre ses commentaires dans de nombreux articles,
dont une partie a été recueillie en 1947 dans un livre préfacé par Jean Lugol et
intitulé significativement «!Notre Combat!». Il y constate un antisémitisme ayant
survécu au fléau nazi, tant en Europe que dans les pays arabes!; il s’interroge sur
de nouveaux moyens pour combattre l’hydre. On y trouve un aveu passionné
d’amitié pour l’Égypte, en raison des liens anciens entre Juifs et Arabes. Cette
main restera tendue, pendante dans le vide. Son livre est réquisitionné (il n’en
reste qu’un seul original)!; accusé “d’activités sionistes” en Mai 1948, il est interné
au Camp d’Aboukir pendant dix long mois, dans des conditions d’hygiène sanitaire
très difficiles, pour finalement être expulsé du pays avec sa famille. Après une
période à Paris et en Israël, la famille s’installe en Italie, à Milan3. Il y a vingt ans,
Joseph Hemsi décède.
Pressentant les derniers jours de son internement, le «!prisonnier d’Aboukir!» va
poser une simple question à l’ensemble des autres prisonniers du camp
d’internement!: «!Quelle est la première des choses que nous aimerions faire dès
notre libération!?!» Rapportant fidèlement leurs réponses, ses propres
commentaires et ses éclaircissements sur un cahier
comme nous en avions tous à l’époque, il va dresser,
ce faisant, la liste de ces prisonniers et pour
certains leurs surnoms familiers. Appliquant sa
plume de maître à son cahier d’écolier, il met en
exergue le besoin, pour cette jeunesse frustrée dans
la force de l’âge, de reprendre le simple cours de la
vie, de tourner la page, de fermer la parenthèse de
la folie des hommes, bref d’entreprendre «!Quelque
chose de mythologique!» dira-t-il à Isaac Rawass du
hangar N°5!! La dérision et l’humour, propre aux
Juifs d’Egypte, ne sont jamais loin, même dans ce
contexte difficile. Une ambiance de troufions
attendant la quille s’en dégage!; mais des troufions,
blessés à cause de leur foi et de leurs convictions,
qui pressentent que rien ne sera plus pareil.

Rafael Bigio wins his case against coca cola

Montreal Jew wins round against Coca-Cola
Source: National PostWhen Refael Bigio was a boy, he would run into the Coca-Cola bottling plant on his family’s Egyptian estate and be welcomed by the smell of cola, the clinking of glass and lollipops in the shape of little bottles."Because I was the son of the owner, they used to dip it twice in sugar," the 63-year-old Montreal grandfather said of those treats.But that collegial, decades-old relationship between the Bigio family and the beverage company would change. Yesterday, the U.S. Supreme Court decided Mr. Bigio could proceed with his lawsuit against Coca-Cola Co., which he says bought property that had been confiscated from his family by the Egyptian government in 1962. Email to a friendEmail to a friendPrinter friendlyPrinter friendly Font: * * * * * * * *The lawsuit, one of the first of its kind, could set a precedent in court battles by other Jewish business owners seeking to recover assets seized in the Arab world."Coca-Cola knew certainly well that we are the owners of these assets and that we were expropriated because we are Jewish," Mr. Bigio said yesterday from his office in the borough of Outremont. "I was horrified by their act .... They’ve abused all measures of common decency."Nathan Lewin, Mr. Bigio’s high-profile Washington, D.C., lawyer, said Coca- Cola is trespassing on his client’s property and will seek damages of at least $100-million.In the late 1930s, Mr. Bigio said Coca-Cola leased part of his family’s land in Heliopolis, a suburb of Cairo, and set up a plant. Later, the Bigios started manufacturing bottle caps and serving trays for Coca-Cola.According to some historians, a surge of pan-Arab nationalism forced about 50,000 Jews to flee Egypt in the 1950s and 1960s. One day in 1962, Mr. Bigio who was being groomed to take over the family business, arrived at the family factory to find the street filled with police officers demanding he turn over the keys.Penniless, the family fled to France, where they were accepted as refugees before moving to Montreal and establishing a successful agro-industrial enterprise.In 1980, Egypt’s minister of finance ordered the state insurance company, Misr Insurance, to return the Bigios’ properties to them.Mr. Bigio had been trying unsuccessfully for years to reclaim his assets through Egytian courts when he heard Coca-Cola was interested in buying the bottling company that ran his family’s old factories. "We approached them in good faith, in a peaceful manner and reminded them of the relationship we had with them," Mr. Bigio said. He requested compensation, "but they brushed us off."

Sunday, April 8, 2007

AJOE de Montreal par Mireille Galanti

Communiqué :
Association des Juifs Originaires d’Égypte
à Montréal.
par
Mireille Galanti.

Qui aurait pu prédire que 50 ans après la grande débâcle qui nous a tous secoués en 1956, nos regards se seraient croisés aujourd’hui et que nos pensées les plus essentielles nous auraient rapprochés par delà les continents?
C’est donc de ce côté-ci de l’océan, que nous commémorons avec vous ces grands départs, cette dispersion qui a fait de nos vies une page de l’histoire. Aujourd’hui, nous affirmons notre présence ici à Montréal, notre terre d’accueil.
C’est en janvier 2002 qu’émerge de la grande communauté sépharade de Montréal, le besoin de partager des valeurs communes, des expériences, des souvenirs, un passé, enfin une réalité commune. Ainsi, naissait l’Association des Juifs Originaires d’Égypte présidée par Irène Buénavida qui, par sa détermination et son enthousiasme a réussi à former autour d’elle un groupe dynamique, un comité d’une dizaine de membres dont l’objectif principal était d’offrir à leur communauté (de plus de 3000 membres) des activités centrées autour de thèmes aux résonances égyptiennes. Plus d’une fois, les événements (conférences, films, rassemblements, témoignages, soirées sociales) ont attiré des centaines de personnes toutes curieuses de retrouver leurs racines profondes, de partager et de revendiquer l’attention et la reconnaissance qui jusqu’ici leur semblait avoir été inexorablement occultée. Des soirées de témoignages ont permis à plusieurs (et pour la première fois depuis leur exil) de prendre la parole et de crier tout haut l’histoire de leur expulsion d’Égypte.
En juin 2004, la « Quinzaine Sépharade », un événement au rayonnement littéraire et culturel ouvert à toute la communauté montréalaise, a invité Mme. Ada Aharoni à se prononcer sur ses prises de position en faveur de la paix dans le conflit israélo-arabe.
Également, en juin-juillet 2006, notre Association est représentée au Congrès mondial des Juifs d’Égypte à Haifa par Vivianne Schinazi-Silver.
« La voix Sépharade », le bulletin officiel de la communauté juive francophone de Montréal réserve régulièrement une page dans chacun de ses exemplaire à l’Association afin d’encourager la diffusion et la publication de ses articles.
Des projections de films tels que « The Second Exodus » et « The Forgotten Refugees » étaient suivies de commentaires et de débats menés par des personnalités telles que Naim Kattan, écrivain montréalais de réputation internationale, originaire d’Irak et Maurice Elia, originaire d’Alexandrie et auteur de plusieurs ouvrages parus à Montréal.
De plus, des journées de culture judéo-égyptienne sont prévues pour 2007.
Ainsi, notre présidente, Irène Buénavida et notre comité exécutif (composé de Moshe M. Sadeh, d’Albert Herscovitch, de Rose Simon-Schwartz, de Viviane Schinazi-Silver, d’Adèle Mardoche, de Rachel Alkallay, de Benjamin Melameth et de moi-même) ont pour tâche de se réunir une fois par mois dans le but de faire valoir ces objectifs. Notre association, considérée comme une constituante de la Communauté sépharade de Montréal, se dotera très bientôt d’une constitution et d’une régie interne aux structures souples et démocratiques.
Voici, en bref, ce qui s’est construit depuis janvier 2002. Nous sommes confiants que, une fois l’élan donné, nous poursuivrons notre tâche avec la même conviction et le même enthousiasme qui nous animaient au départ.
Mireille Galanti.

Rescape de la shoa par Moshe Sadeh

Moshe M. Sadeh a quitté l’Égypte en 1946 pour s’établir en Israel. Il a participé à l’édification de l’état d’Israel et s’est engagé dans l’armée au moment de la crise du Canal de Suez. Il vit maintenant au Québec .
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En septembre 1945, j’abandonne mes études et, âgé de 17 ans, je me joins à un groupe de jeunes du Caire et d’Alexandrie affilié au mouvement sioniste « Hélalutz » pour six mois d’entraînement sur une ferme près d’Aboukir. Nous vivions dans la clandestinité et nous nous préparions mentalement et physiquement à notre nouvelle vie de kiboutz.
Travail aux champs et études idéologiques, notre responsable était un émissaire de Palestine parlant français. Un jour, il nous emmène un jeune homme d’une quinzaine d’année, originaire de Rhodes. Une unité juive de l’armée britannique l’avait adopté dans un camp en Europe et l’avait embarqué sur un bateau militaire en partance pour la Palestine à la fin de leur service militaire. Comme il paraissait plus grand que son âge, ils l’ont habillé d’un uniforme et il suffisait d’un peu de chance pour le resquiller en douce en Terre Sainte.
Le bateau s’étant amarré au port d’Alexandrie pour quelques jours, il devenait certain que les officiers à bord commençaient à avoir des soupçons sur ce trop jeune homme. Les membres de la Haganah sur le bateau décidèrent alors de contacter notre mouvement sioniste leur exposant leur crainte que ce jeune de Rhodes, s’il devait être découvert, serait renvoyé dans les camps pour personnes déplacées, en Europe.
Il fut donc décidé de le remettre à notre émissaire et de le garder avec nous sur la ferme jusqu’à notre départ pour la Terre Promise. Comme je parlais le ladino, langue du jeune homme, on me l’a confié. Il s’appelait Asher. Il était plus jeune que moi mais me dépassait d’une tête. Un numéro était tatoué sur son bras. Il m’expliquait que toute la communauté juive de Rhodes avait été acheminée vers Auschwitz et exterminée. Asher était robuste et fut mis à travailler dans les fours crématoires. Il a survécu à ce travail exténuant grâce à la bonté d’un des gardes qui lui fournissait tous les jours un pain. Sans cela il serait probablement mort. Bien entendu, je ne cru pas. J’ai pensé que mon ladino n’étant pas parfait, j’avais du mal le comprendre. J’ai rapporté les faits à notre responsable en donnant mon opinion que ce garçon était mentalement dérangé, ayant perdu sa famille, il disait n’importe quoi. Asher me racontait les tragédies des fours crématoires, les corps incinérés et d’autres horreurs innommables impossibles à croire.
Quelques jours avant Pessah 1946, deux cent jeunes des mouvements sionistes en Égypte partaient (Asher y compris) en train pour la Palestine, déguisés en soldats. Ce fut un grand succès pour la Haganah. Tout se passait sans heurt mais, je n’ai plus revu Asher depuis. Plus tard, durant mon service dans l’armée israélienne, j’ai rencontré beaucoup de rescapés de la Shoa avec des numéros tatoués sur leurs bras. J’ai compris qu’Asher m’avait dit la vérité. J’ai essayé de le retrouver pour lui exprimer mes regrets de ne pas l’avoir cru. Mes recherches n’avaient abouti à rien, Israel ayant reçu des dizaines de milliers de rescapés. Asher n’était pas le seul à avoir un bras tatoué d’un numéro.

Internement en Égypte par Beny Melameth

L’histoire de mon internement en Égypte durant la guerre des six jours


Le 5 juin 1967 dans l’avant-midi 2 officiers habillés en civil sont venus nous chercher à l’usine, mon père, mon frère de 17 ans et moi âgé de 19 ans, laissant derrière nous ma grand-mère, ma sœur âgée de 16 ans et mon petit frère de 15 ans.

Ils nous ont dit de ne pas s’inquiéter, que c’était juste des formalités et qu’on serait de retour dans 5 minutes. Ils nous ont conduits au KISM de police de Moharrem Bey. Là on nous a mis dans une petite cellule (1m x 2) il y avait déjà 6 à 7 autres personnes. Nous sommes restés là 3 jours, avec peu ou presque pas de nourriture, dans l’obscurité totale, debout la majorité du temps, vu le manque d’espace.

Le 8 juin, on a été transférés dans une très grande salle où il y avait 150 à 200 personnes, tous des juifs. C’est là d’ailleurs que j’ai vu mon oncle. Les officiers prirent les présences puis nous ont menottés 2 par 2, et transportés vers la gare centrale, où un train nous attendait pour nous amener au Caire.

À chaque station ou le train s’arrêtait il y avait une foule de gens qui nous criaient des slogans, nous crachaient dessus et nous jetaient des pierres. Arrivée à la gare du Caire, on a été tassés dans des paniers à salades et transportés vers la prison d’Abou Zaabal, une chance qu’il y avait un cordon de policiers qui nous protégeait, car la foule nous aurait alors tous déchiquetés.
On a appris plus tard qu’un ministre nous avait fait passer pour des prisonniers de guerre Israéliens.

Il faisait nuit lorsque les camions se sont arrêtés devant une grande porte en fer. On pouvait apercevoir 5 à 6 officiers et plusieurs gardes qui nous attendaient avec des branches de palmiers et des bâtons. On a été littéralement jetés de ces camions. Nous étions enchaînés 2 par 2, lorsqu’on atterrit on était roués de coups de bâtons, puis entassés dans la cour de la prison, accroupis sur nos talons jusqu’aux petites heures du matin.

À chaque heure les officiers se promenaient et nous fouettaient avec leurs branches de palmiers, certains d’entre eux couraient et sautaient sur nos épaules. Les personnes qui perdaient l’équilibre ou qui flanchaient été rouées de coups. À 4 heures du matin, les gardes ont dressé une table et placé une nappe blanche. Ils ont fait venir des grands couteaux de cuisine qu’ils déposèrent sur la table. On entendait le bruit des lames qui frottaient les unes contre les autres.et les officiers qui criaient aux gardes d’affiler les couteaux pour qu’ils nous égorgent. Nous avons même entendu un officier demander à un autre s’il ne voulait pas égorger un lui même. Alors on s’est mis tous à faire nos prières.

Dès qu’il a commencé à faire jour, on a été appelé un par un. Ils ont fait venir 5 ou 6 frères musulmans avec leurs tondeuses à cheveux. Nous devions nous déshabiller et remettre nos effets personnels à l’officier, puis on passait à la tondeuse qu’ils trempaient de temps en temps dans un seau de pétrole. Une fois rasé on nous remettait une couverture en laine, un plat en aluminium et une tenue de prison. On devait mettre le tout sur notre tête et courir en caleçon et pieds nus au 2e étage où d’autres officiers nous tapaient dessus au passage. Ils nous faisaient faire 2 à 3 fois le tour des cellules, puis ils nous rentraient dans l’une d’elles. Entre temps en bas, le show continuait.

Quand le tour du Rabbin d’Alexandrie arriva, ils l’ont crucifié sur la grille de la porte d’entrée de la prison. Ils l’ont battu jusqu'à qu’il perde connaissance.
…2


- 2 -

Une fois dans les cellules ils nous ont laissé sans nourriture jusqu’au lendemain. Il y avait au 2e étage 5 cellules de juifs, 3 cellules de nachat mouadi (activités hostiles au régime). Le premier étage était occupé par près de 700 frères musulmans. La cellule mesurait environ 18 mètres de long par 6 mètres de large. Le parterre était en dalles blanches. Il y avait 70 personnes par cellule. Nous avions droit chacun à 2 dalles et demie de largeur, par 7 de longueur. C’est-à-dire, 50 cm par 140 cm par personne.

Le soir quand on dormait on était entassé comme des sardines. Les pieds de la personne opposée vous arrivaient au niveau du ventre. Le plat d’aluminium servait aussi d’oreiller. Deux à trois fois par jour il y avait des raids, les officiers rentraient dans la cellule, il fallait qu’on se mette au garde à vous face au mur et répéter 2 à 3 fois les slogans que le chef de cellule criait. « Abat l’impérialisme Israélien et Américain », « Vive Abdel Nasser », « Palestine est arabe », « le pétrole des arabes aux arabes » et bien d’autres. Entre temps les officiers faisaient le tour de la cellule et battaient les gens au hasard.

Les premiers 2 à 3 mois on n’avait pas de savon pour se laver, ni des vêtements de rechange. La nourriture le matin c’était toujours des fèves, à midi des fèves concassées ou des lentilles, parfois du riz et le soir du fromage ou de la mélasse fermentée. Le pain était fait à base de son de blé, on croquait souvent sur des graines de sable ou de petites pierres.

Après 3 mois on a eu la première visite des parents, qui nous ont apporté des petits colis contenant du savon, dentifrice, sous-vêtements et de la nourriture en conserve. Au début il y avait entre 350 à 400 juifs de tout âge internés (entre 17 et 77 ans). Après 6 mois il restait entre 200 à 250 juifs les autres avaient été libérés. Parmi eux il y avait mon frère qui s’est retrouvé en Italie. Et c’est grâce à une grande tante qui habitait Brooklyn qui a fait les démarches pour le prendre chez elle. Présentement mon frère vit en Floride.

Quelque temps après, nous avons été transférés à la prison de Torah, là on était moins tassés et plus libres de circuler. Les portes des cellules étaient ouvertes et on pouvait marcher dans les corridors. Ils nous permettaient aussi de sortir dans la cour quelques heures par jour.
Après 2 ans et demi, ce fut le tour de mon oncle et d’autres personnes à être libérés. Il ne restait plus que 90 à 100 juifs en prison, tous de nationalité égyptienne.

J’ai été libéré ainsi que 7 autres personnes le 18 juin 1970, après 1108 jours d’internement. Nous avions les menottes aux poignets durant tout le trajet vers l’aéroport. Ils nous ont enlevé les menottes au moment d’embarquer dans l’avion à destination de Paris. À l’aéroport nous faisions de loin des signes d’adieux à nos parents, car on ne pouvait pas s’approcher d’eux.

Mon père a été libéré quelques jours après moi, pour retrouver ma sœur et mon jeune frère à Alexandrie. De tous les juifs internés seulement une dizaine ont choisi de rester en Égypte.

À l’aéroport de Paris, il y avait pour nous accueillir, un représentant de la HIAS ainsi que quelques internés qui étaient arrivés avant nous.

Je tiens à remercier la HIAS et le CO JA SOR pour tout ce qu’ils ont fait pour nous. J’étais logé et nourri pendant mon séjour de six mois à Paris, pour préparer mes papiers d’immigration pour le Canada. Ils se sont occupés financièrement de tout, même du billet d’avion pour me rendre à Montréal.

Benjamin Melameth
2004-03-27

Saturday, April 7, 2007

Event for May 2007

May 27th @ 3:00pm - Etfadalou no. 3 with professor Julien Bauer - Minority in the arab lands - Entrance Fees $5.00 with refreshment .
salle sinai at the Ymywha on westbury street.
Lecture in french.
Please contact Irene at 514-342-0033

The Association of Jews from Egypt in Montreal

When Irene Buenavida retired after a 40-year career with the Toronto Dominion Bank, she embarked on a very ambitious project: tracing and listing Jewish families from Egypt living in Montreal. The process was lengthy but eventually she succeeded in drawing up a list of 500 families, or approximately 3000 people.

That is what inspired her to found Montreal's first Association of Jews from Egypt in 2002, and she has been its president ever since. The Association is affiliated with Quebec's Sephardic community, La Communauté sépharade unifiée du Québec.

Why does the Association's name refer to 'Jews from Egypt' rather than 'Egyptian Jews'? "For centuries, Egypt, particularly Cairo and Alexandria, was a multicultural crossroads and home to many different cultures. Egyptian Jews are not "dyed-in-the-wool" Egyptians; they come from a whole range of cultures. That is why 'Jews From Egypt' was a more appropriate name," explains Irene Buenavida.

She herself is a typical example: her father was Iraqi, from Baghdad, and her mother's family originated in Morocco. She left Egypt in 1966, six months before the Six Day War, and emigrated to Montreal.

The chief goal of the Association of Jews from Egypt is to rehabilitate and perpetuate the memory and cultural heritage of Egyptian Jews.
Since being founded four years ago, the Association has organized a series of events and meetings giving Egyptian Jews in Montreal the chance to share their recollections about their native country.

"We have organized various activities relating to Egyptian themes. Many of our events – lectures, films, meetings, social gatherings and evenings at which people relate their experiences – have attracted hundreds of people eager to reconnect with their roots and finally be acknowledged and recognized. Many members telling their personal stories had their first opportunity since the exodus 50 years ago to speak frankly and describe all the sad details of their expulsion from Egypt," says Irene Buenavida.

Another important part of the Association's mission is to reach Jews from Egypt now living in Canada, who had property and real estate seized by the Egyptian government from the late 1940s on. They are encouraged to fill out claims forms for compensation for property confiscated from Jews in Arab countries. Various international organizations including Justice for Jews of Arab Countries and the World Organization for Jews of Arab Countries, are currently conducting very active campaigns to ensure that Jews stripped of their property and expelled from Arab lands before or after the creation of the State of Israel receive compensation as part of future peace negotiations between Israel and Arab countries.

"It is vital to make the whole world aware of how Jews were expelled by Arab regimes. Because the international community hears only the misrepresentations spread by the Palestinians," says Irene Buenavida.

In July 2006, several thousand Jews from Egypt gathered in Haifa for the first International Congress of Jews from Egypt. The event was organized to mark the 50th anniversary of the exodus of Egyptian Jews.

Eight resolutions were proposed during the International Congress: 1-Jews from Egypt should play an active role in seeking peace in the Middle East; 2-Produce and publish studies and university research on the culture, literature and cultural heritage of Jews from Egypt, for dissemination to Jewish schools in the Diaspora; 3-Found a museum of the history of Jews from Egypt; 4-Rehabilitate and perpetuate the cultural and liturgical heritage of Egyptian Jews; 5-Set up an International Committee; 6-Publish a Golden Book and the Proceedings of this first International Congress of Jews from Egypt; 7-Elect an editorial committee for two academic works on the history of Jews from Egypt; 8- Offer Egypt academic cooperation with Jewish university researchers from Egypt.

Teaching the history of Egyptian Jews in Jewish schools is a big priority for Irene Buenavida's Association.

"Our story must not be forgotten. We have to tell it to our children," she says with feeling.
Irene Buenavida was the only Jewish woman from Egypt to meet Jehan Sadat, widow of the late Egyptian president Anwar Sadat, when she was in Montreal recently as guest at a Jewish women's function.

"I was deeply moved to meet this distinguished lady from Egypt. When she said she was surprised to hear me speaking fluent Egyptian Arabic, I told her you never forget your roots.”
In an interview, Irene Buenavida, founder and president of an association for Jews from Egypt, talks about the goals of the organization.


English translation of an article by reporter Elias Levy,
published in French in the Canadian Jewish News, December 7, 2006